dimanche 3 avril 2016

Un soir de décembre - Delphine de Vigan


 Un jour (oui, ça commence bien bateau mais attendez la suite...), Matthieu ressent le besoin irrépressible d'écrire. Ce roman de l'intuition devient un best-seller qui le rend célèbre : invité sur les plateaux de télévision, englouti sous les lettres de ses lecteurs, Matthieu ne se remet pas à l'écriture, considérant que l'inspiration ne lui fera plus la même faveur que la première fois. Matthieu est mariée à Élise, qu'il aime énormément, mais c'est une toute autre muse qui va venir lui chuchoter son prochain roman. En recevant une énième lettre - la lettre de trop peut-être mais comment savoir ? -, les souvenirs lui reviennent progressivement en mémoire : le besoin de s'abandonner une dernière fois avant le mariage, et Sara.

«  J'ai lu ton livre. Ton livre comme un boomerang. Laisse-moi, à mon tour, te raconter une histoire. Le début.
Tu sais comment les histoires commencent, dans un supermarché, un train ou au fond d'un café, là où les vies se frôlent, se croisent, parfois se percutent, dans l'inconscience de ce qui sera, cette douce innocence. Laisse-moi te dire les premiers mots. Ceux qui donnent la mesure. Laisse-moi te raconter une histoire que tu as peut-être oubliée.Une femme rencontre un homme ou plutôt c'est lui qui la rencontre.  »


Peut-être poussée par le même besoin que lui quelques mois plus tôt lorsqu'il débute son roman sur un coup de tête, Sara lui écrit afin d'enfin mettre des mots sur cette relation passionnelle dans laquelle ils s'étaient abandonné tous les deux, jusqu'à ce fameux soir de décembre... Cinq lettres qui vont pousser Matthieu à tout remettre en question.

Deuxième roman de Delphine de Vigan, Un soir de décembre transporte le lecteur dans l'expression des pensées et des sentiments d'un homme comme les autres, qui connait le désir et l'amour, qui connait le doute aussi... mais surtout l'amour !



POUR CEUX QUI L'ONT LU
/!\ Spoilers /!\


Je ne suis pas du genre à cautionner les relations extra-conjugales, même si elles sont motivées par des sentiments sincères. Mais dans ce roman où la relation adultère tient une place centrale, je pense qu'elle n'est finalement qu'un prétexte pour aborder la complexité de la pensée et des émotions humaines. Delphine de Vigan le rend avec une vérité saisissante et touchante, ce qui nous pousse – peut-être pas à encourager cette relation – mais en tout cas à l'accepter comme quelque chose de convenable car nous ressentons irrémédiablement de l'empathie pour cet homme mis à nu.
Ce roman m'a véritablement touchée. J'ai apprécié le fait que Sara soit omniprésente alors qu'elle n'apparaît jamais physiquement dans le récit. A travers ses lettres où elle se dévoile complètement, dans une intimité partagée ou non avec Matthieu, et grâce aux souvenirs que le narrateur raconte, nous avons réellement l'impression de la connaitre aussi bien que lui.
Et bien sûr, j'ai trouvé magnifique que malgré la relation intense qu'il a connu et qu'il aurait pu connaitre à nouveau avec Sara, Matthieu ait au bout du compte choisi de retourner vers sa femme, embrassant l'amour inconditionnel qu'il lui porte et dont il n'a malgré tout jamais douté.




Delphine de Vigan / Un soir de décembre / Paru en 2007 aux éditions Points / 194 pages

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