«
J'ai compris que j'étais vieux le jour où je me suis retrouvé dans
la vitrine d'un antiquaire. »
J'ai lu cet
album pour la première fois lorsque j'avais neuf ans, et à l'époque
il m'avait fait un effet considérable. Tomi Ungerer est souvent
critiqué pour la violence de ses albums, qui n'épargnent pas
forcément les enfants. Les critiques vont bien trop loin à mon avis
: Tomi Ungerer est pour moi un incontournable de la littérature de
jeunesse, qui aborde effectivement des thèmes délicats mais de
telle façon qu'il montre la réalité aux enfants, et seulement la
réalité qu'ils sont capables de supporter. Oui, on aperçoit du
sang et deux cadavres au fil des pages. Et alors ? Il faut faire
confiance aux enfants pour prendre instinctivement du recul en ce qui
concerne les images. Malgré les illustrations parfois sombres, les
pages restent blanches, ce qui les empêchent de devenir effrayantes.
Cet
album est un bijou. C'est avec lui que j'ai abordé pour la première
fois le thème de la Seconde Guerre mondiale en dehors des cahiers
d'école. Ungerer répond à certaines questions des enfants, tout en
laissant une large ouverture à d'autres interrogations : aux parents
d'expliquer ce que sont les « camps de concentration » et
les « chambres à gaz » qui sont seulement évoqués à
la fin. Et n'ayez pas peur pour vos enfants : c'est un happy
end malgré tout !
POUR CEUX QUI L'ONT LU...
/!\ spoilers
/!\ spoilers
Otto donne
vraiment à voir des aspects divers de la guerre, et tout en
dévoilant un peu sa réalité, montre par sa fin « heureuse »
que cette guerre horrible n'a pas non plus détruit le monde et
l'humanité. Rappelez-vous ce soldat américain touché par balle car
il a été interpellé par la vision de cet ours en peluche couché
parmi les gravas, ou cette vieille SDF qui sauve l'ourson de la benne
à ordures où il allait passer le reste de ses jours pour le confier
à un antiquaire... Enfin, rappelez-vous Oskar et David qui, alors
qu'ils se sont quittés, enfants, au début de la guerre, se
retrouvent finalement pour former avec leur fidèle compagnon en
peluche une colocation de septuagénaire !
Envie de le
relire ? Foncez ! Mettez-le entre les mains de vos enfants, ainsi que
les autres albums de Tomi Ungerer !
Tomi
Ungerer / Otto, autobiographie d'un ours en peluche / paru en 1999 à
l'Ecole des loisirs / 33 pages / Officiellement à partir de 6 ans
(mais je vous conseille d'attendre les 8 ans)
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