dimanche 17 juillet 2016

Le liseur du 6h27 – Jean-Paul Didierlaurent


«  Certains naissent sourds, muets ou aveugles. D'autres poussent leur premier cri affublés d'un strabisme disgracieux, d'un bec-de-lièvre ou d'une vilaine tache de vin au milieu de la figure. Il arrive que d'autres encore viennent au monde avec un pied-bot, voire un membre déjà mort avant même d'avoir vécu. Guylain Vignolles, lui, était entré dans la vie avec pour tout fardeau la contrepèterie malheureuse qu'offrait le mariage de son patronyme avec son prénom. Vilain Guignol, un mauvais jeu de mots qui avait retenti à ses oreilles dès ses premiers pas dans l'existence pour ne plus le quitter.  »


Guylain Vignolles a, en plus de son nom à coucher dehors, une existence très peu palpitante, solitaire, et un travail qu'il exècre. Dans l'entreprise, c'est lui qui commande "la Chose", une machine qui détruit les vieux livres destinés à redevenir de la pâte à papier. Mais malgré sa grande cruauté, la Chose épargne chaque jour quelques feuilles qui restent coincées tout au fond de sa gueule béante. Ces feuilles rescapées, Guylain les récupère chaque soir et en fait la lecture aux passagers du RER de 6h27 chaque matin. Sorte de troubadour des temps modernes, il déclame à voix haute ses extraits de romans sans connexion aucune, avant de les abandonner sur le strapontin une fois arrivé à sa station.
Un matin, Guylain trouvera sur ce même strapontin une clef usb, probablement tombée de la poche de son propriétaire. A l'intérieur, le journal intime de Julie, une dame pipi travaillant dans un grand centre commercial. Amusé par les écrits de ce petit brin de femme à la langue bien pendue, Guylain va lui rendre hommage en lisant ses textes dans le 6h27, tout en partant à la recherche de leur propriétaire.

Mais Le Liseur du 6h27, ce n'est pas que Guylain et Julie, les feuilles rescapées et la clef usb. C'est aussi un petit groupe de retraités enthousiastes et admirateurs des lectures de Guylain. C'est Giuseppe, un cul-de-jatte en quête des restes de ses jambes. C'est également Yvon, qui préfère déclamer des vers plutôt que de s'exprimer comme le commun des mortels. C'est Rouget de Lisle, le poisson rouge.
Le Liseur du 6h27, c'est une galerie de personnages attachants et complètement loufoques qui ne pourront pas vous laisser indifférents...



Jean-Paul Didierlaurent / Le liseur du 6h27 / paru au Diable Vauvert en 2014 et chez folio en 2015 / 193 pages pour l'édition de poche

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire